10 janvier 2019

Voyage de prospection STARLING en Arménie

Du 12 au 26 août 2016, une petite délégation STARLING s’est rendue en Arménie, afin de préparer un itinéraire pour un futur voyage ornithologique. Nous avons donc réalisé un tour complet du pays en visitant l’ensemble des différents habitats. Ce pays sous-prospecté, détient nombre de secrets encore peu connu des naturalistes et ornithologues internationaux.

Pie-grièche écorcheur
Pie-grièche écorcheur © Noé Terorde
Toutes les images sur notre site web sont le fruit d'un travail personnel et ont été réalisées par nos participants et guides. Ainsi, ce que vous voyez donne une image réaliste de ce que vous pouvez voir, vivre et photographier lors de nos voyages.

Détail du voyage jour après jour

Jour 1 : Bruxelles (Zaventem) – Yerevan – Vedi

Après avoir atterri à Yerevan aux alentours de minuit, nous avons pris possession de notre voiture de location. Ne voulant pas perdre de temps, et excités par l’aventure qui nous attendait, nous partons directement pour le village de Vedi. Les montagnes des environs sont particulièrement intéressantes du point de vue ornithologique.

Le réveil lors de ce premier matin fût simplement magique ! Le lever de soleil dans les montagnes arméniennes nous offrait un dépaysement incroyable, agrémenté de nombreuses espèces d’oiseaux exotiques. Autour d’une petite source, denrée rare dans les montagnes arides de ce pays, nous avons déjà pu observer le très localisé bruant à cou gris, le roselin de Lichtenschtein, la sittelle des rochers, la fauvette de ménétries et les traquets isabelle, de finsch et oreillard (sous-espèce orientale).

En prospectant la vallée plus en détail, nous avons encore pu trouver ici la perdrix choukar, l’hypolaïs pâle, l’iranie à gorge blanche, la fauvette épervière et de petits groupes d’étourneaux roselins. Bref, un premier arrêt plus que productif !

Perdrix choukar
Perdrix choukar © Noé Terorde

À cette saison, le climat en Arménie est très chaud et sec, si bien que durant l’après-midi, nous avons fait un breack ornithologique afin de visiter le monastère de Khor Virab situé à quelques kilomètres de là. Cet incroyable vestige de la culture arménienne, construit au 8è siècle, était tant intéressant du point de vue culture que pour les oiseaux observés autour.

Jour 2 : Vedi

En cette deuxième journée en Arménie, nous poursuivons notre exploration des montagnes entourant le petit village de Meghri. Durant la matinée, nous découvrons encore de nombreuses surprises : bruant fou, bruant mélanocéphale, monticole bleu, monticole de roche, gypaète barbu, percnoptère d’Égypte et aigle royal sont de la partie ici.

Après s’être arrêtés au « supermarché » de Vedi pour nous ravitailler, ce qui constitue une expérience en soi, nous avons pris la direction du site suivant.

Jour 3 : Armash Fish Ponds

Les zones humides sont loin d’être fréquentes en Arménie, c’est pourquoi nous avons décidé de nous arrêter aux étangs de Armash. Ces plans d’eau offrent une avifaune très différente de ce que l’on observe dans le reste du pays. Après quelques négociations avec les militaires qui gèrent ce site situé à seulement quelques kilomètres de la frontière turque, nous entrons dans la réserve.

Dès l’entrée, nous trouvons plusieurs vanneaux à queue blanche. Il s’agit de l’un des seuls sites du Paléarctique occidental (WP) où se reproduit ce rare limicole. La satisfaction est donc immense ! Ensuite, en avançant quelque peu parmi les plans d’eau, nous observons le guêpier de Perse, le goéland d’Arménie présent en grand nombre, le blongios nain, la rousserolle turdoïde, de nombreuses panures à moustaches et rémiz pendulines ainsi qu’un groupe d’une dizaine d’alouettes pispolettes fourrageant dans une prairie sèche.

Le paysage ici était une nouvelle fois à couper le souffle. Depuis les Fish Ponds de Armash, où le soleil brillait et où la chaleur se faisait bien ressentir, nous avions une vue à couper le souffle sur l’emblématique mont Ararat et ses sommets enneigés.

Goéland d’Arménie © Noé Terorde

Jour 4 : Armash – Noravank

Dans la matinée, nous avons décidé de prospecter les environs de Armash. Nous avons effectué plusieurs haltes d’abord dans la plaine, puis dans les collines environnantes.

Dans des petits buissons remplis de baies, nous avons observé de nombreux sylviidés, dont principalement les fauvettes de Ménétrie et épervière. En nous éloignant de la plaine et en gagnant un peu d’altitude, les traquets étaient aussi au rendez-vous, et nous avons encore pu observer les magnifiques traquets de Finsch et isabelle. Un magnifique groupe de plus de 100 cigognes blanches avait également passé la nuit dans les environs. L’envol de ces immenses migrateurs nous a offert un joli spectacle. L’agrobate roux a également pu être ajouté à notre liste ici.

Durant l’après-midi, nous avons pris la route de Noravank et visité son superbe monastère. Les papillons, libellules et autres insectes étaient nombreux et magnifiques ici.

Jour 5 : Noravank – Eghegnazor

Réveil matin au chant de l’engoulevent d’Europe ! En matinée, nous prospectons encore les environs du monastère, où nous découvrons quelques magnifiques serins à front rouge. L’un des moments forts du voyage ! Nous avons aussi pu observer ici le grand corbeau, le crave à bec rouge, l’aigle royal et la sittelle de Neumayer. Quelques chèvres sauvages se promenaient quant à elles dans les versants rocheux des environs.

Après un rapide pique-nique, nous prenons la route de Eghegnazor. Ici nous avons prospecté la plaine et les hauts plateaux des environs à la recherche de l’hypolaïs d’Upcher. Après quelques heures de recherche… bingo ! Pour notre bonheur à tous, nous avons pu observer cette espèce tant attendue en compagnie de l’hypolaïs pâle. Idéal pour une étude comparative approfondie ! Dans cet environnement aride, nous avons pu observer quelques pipits rousselines et une nouvelle fauvette de Ménétrie.

Jour 6 : Eghegnazor – Goris

Durant la matinée, nous avions prévu de chercher après le moineau pâle dans les environs de Eghegnazor, mais malheureusement notre voiture de location est tombée en panne et nous avons été contraints de trouver un garage à Eghegnazor. Après quelques heures de bricolage, nous pouvons repartir ! Durant cette petite pause forcée, nous avons quand même pu observer nos seuls pinsons des arbres du voyage ; espèce qui ne semble pas commune du tout en Arménie !

Au fur et à mesure que nous roulons vers l’est, en direction de Goris, les paysages changent. Nous arrivons maintenant dans des steppes immenses, rappelant déjà les paysages de Mongolie. Lors d’un arrêt quelques kilomètres avant Goris, nous pouvons observer une belle diversité de rapaces. Nous profiterons notamment de deux aigles pomarins, d’une buse féroce, d’un gypaète barbu, d’un aigle botté et de quelques vautours fauves.

Jour 7 : Goris – Col de Meghri

Avant de reprendre la route du sud, nous effectuons une rapide promenade matinale dans les steppes. Ici nous pouvons observes la caille des blés, le bruant mélanocéphale, le tarier des prés, la pie-grièche écorcheur et quelques alouettes des champs.

Ensuite, nous effectuons une halte au splendide monastère de Tatev, qui se trouvait sur notre route. Construit au 9è siècle, celui-ci nous offre une nouvelle visite culturelle intéressante. Peu prisés des touristes occidentaux, ces vestiges arméniens témoignent de l’une des plus vieille civilisations chrétiennes du monde. Nous pouvons en plus observer ici quelques rapaces cerclant dans le ciel dont de nombreux vautours fauves et buses des steppes. Les énormes agamas du Caucase sont ici très présents.

Le gigantesque agame du Caucase © Noé Terorde

Finalement, nous nous arrêtons une dernière fois dans la première forêt verdoyante que nous croisons en Arménie, peu avant le col de Meghri. Nous trouvons ici quelques espèces que nous ne trouverons nulle part ailleurs durant le voyage. Notons entre autre le merle noir, la mésange noire et le tarin des aulnes. Nous découvrons aussi avec bonheur notre premier pouillot du Caucase du séjour. Une nouvelle espèce pour chacun d’entre nous !

Jour 8 : Meghri

Avant de prendre la direction du petit village de Meghri, situé à la frontière avec l’Iran, à l’extrême sud du pays, nous effectuons une promenade autour du col de Meghri. Nous observerons ici le merle à plastron, quelques roselins cramoisis dont de superbes mâles, de nombreux pipits spioncelles, la rousserole verderolle et quelques linottes mélodieuses.

Après s’être préparé un café avant de continuer notre route, un cri étrange retient notre attention. Il nous semble avoir entendu un accenteur… Le mouchet est-il présent ici ?! Tant pis, le café sera froid ! Nous partons à la recherche de cet oiseau mystérieux. Il ne nous faudra que quelques minutes pour le trouver. Une fois dans les jumelles, il n’y a plus de doutes : il s’agit de l’accenteur de Radde !! Encore une nouvelle espèce pour l’ensemble du groupe !

Nous prenons enfin la route de Meghri sur laquelle nous observons quelques geais des chênes de la sous-espèce atrocapillus. Une fois dans le village, nous posons nos affaires dans un sympathique guesthouse local et partons explorer une gorge quelques kilomètres à l’est du village. Nous découvrons ici quelques traquets de Perse, une fauvette orphéane et quelques sittelles des rochers.

Le repas et la soirée au guesthouse ont été particulièrement plaisants. Une nourriture traditionnelle mais fine nous a été servie généreusement, avec une petite liqueur maison délicieuse pour digérer le tout.

Jour 9 : expédition dans les montagnes de Meghri

Afin d’observer l’emblématique tétraogalle de Perse, nous avions organisé une expédition avec un guide local. Le rendez-vous est fixé à 6h00 devant le guesthouse. Nous prenons donc place dans sa Lada Niva, et après une heure de pistes abruptes, nous avons presque atteint notre objectif. Une dernière ascension à pied est nécessaire. Sur place, le tétraogalle ne s’avère pas facile à trouver, mais après un moment nous en dénichons 2 individus perchés sur une falaise. Observation lointaine, mais satisfaisante ! Nous aurons également l’occasion d’observer l’aigle royal, le gypaète barbu, deux chanteurs de monticole de roches, un bruant fou et de très nombreux papillons dans les prairies herbeuses.

Une fois de retour au guesthouse, nous préparons nos affaires et prenons directement la route du nord en direction du lac Sevan. Quelques arrêts seront réalisés en cours de route.

Jour 10 : réservoir de Syunik – lac Sevan

Après avoir passé la nuit à proximité du réservoir de Syunik, nous avons prospecté les environs durant la matinée. Ici nous avons pu trouver quelques espèces sympas : le pigeon ramier (loin d’être commun en Arménie), la chouette hulotte, le seul pic vert du voyage et la sous-espèce caucasienne du pouillot véloce. Un peu plus loin sur la route, dans le petit village de Vorotan, nous avons encore pu observer magnifiquement une famille de mésanges lugubres.

L’arrêt suivant sera réalisé bien plus au nord, pour pique-niquer. Au sud-est de Eghegnazor, nous nous arrêtons le long de la rivière Arpa. Là, nous observons notre premier gobemouche à demi-collier et le seul groupe de mésanges à longue queue du voyage. Deux cincles plongeurs assureront le spectacle pendant le reste du dîner.

En fin de journée, nous nous arrêtons encore à un col, offrant une vue splendide pour scruter pour d’éventuels migrateurs. Un vautour moine nous survole calmement parmi de nombreuses buses des steppes, deux buses féroces et un circaète Jean-le-Blanc.

Finalement, nous gagnons la rive sud du lac Sevan en soirée et pouvons déjà réaliser quelques observations. De très nombreux goélands d’Arménie sont présents sur le lac, et dans les forêts de pins qui le bordent, nous observons nos premières grives draines du voyage. Nous trouvons aussi une bergeronnette citrine et quelques grèbes à cou noir. Après le couché de soleil, nous sommes encore survolés par des bihoreaux gris particulièrement vocaux.

Bergeronnette citrine à proximité du lac Sevan © Noé Terorde

Jour 11 : rive est du lac Sevan

Après un copieux petit-déjeuner, nous nous mettons en route et réalisons plusieurs arrêts le long de la rive est du lac. Nous observons quelques nouvelles espèces comme le râle d’eau, le gobemouche nain, le bec-croisé des sapins, l’autour des palombes, le pouillot de Lorenz, la marouette ponctuée et l’épervier à pieds courts. D’autres chouettes observations concernent 3 nouveaux gobemouches à demi-collier, plusieurs bergeronnettes citrines dans les plages de boues, l’envol d’un dortoir d’environ 10.000 hirondelles de rivage et une dizaine de cormorans pygmées.

Nous passerons la nuit dans le coin nord-ouest du lac.

Jour 12 : lac Sevan – Mont Aragat

Lors d’une dernière excursion matinale au lac Sevan, nous observerons 5 ibis falcinelles, un petit groupe de nettes rousses, puis notre attention sera attirée par une boule de plume toute brune… En fait, il s’agit d’un rossignol, mais ici les deux espèces sont théoriquement possibles. Après l’avoir entendu crier de nombreuses fois, réussi à obtenir quelques clichés médiocres et analysé son plumage en détail… YES ! Il s’agit bien de notre premier rossignol progné ! Cette courte halte en valait donc la peine.

Ensuite, nous roulons jusqu’au fameux Mont Aragat. Dans la montée, nous nous arrêtons pour pique-niquer à l’ombre d’un arbre où une famille de tourterelle des bois avait vraisemblablement aussi décidé de s’abriter. Un chouette divertissement !

Nous effectuons encore quelques haltes lors de l’ascension dans l’espoir de trouver l’alouette monticole, qui a été plusieurs fois observée ici par le passé. Sans succès… Cependant, durant notre recherche, nous pourrons observer le magnifique traquet de Finsch, 2 bruants mélanocéphales, une bondrée apivore, un superbe mâle d’iranie à gorge blanche et un torcol fourmillier.

Superbe mâle d’iranie à gorge blanche © Noé Terorde

Jour 13 : forteresse d’Amberd – station de recherche cosmique

À 2300 mètres d’altitude trônent les ruines de la forteresse d’Amberd. Naturellement, nous effectuons un arrêt pour visiter cet impressionnant vestige du 7ème siècle ! Les jumelles autour du coup et l’appareil photo sous le bras, nous nous promenons donc à l’intérieur et autour des ruines. Nous pourrons observer ici le rollier d’Europe, l’alouette lulu, la fauvette épervière, l’accenteur de Radde et l’iranie à gorge blanche.

Dans l’après-midi, nous décidons de gagner en altitude. Dans un premier temps, nous effectuons une marche le long d’un petit torrent de montagne. Quelle ne sera pas notre surprise de découvrir ici (à plus de 2500 mètres d’altitude) une rousserolle verderolle, une bouscarle de Cetti et encore une gorgebleue à miroir !

Finalement, nous reprenons la voiture jusqu’à l’ancienne station de recherche cosmique (qui semble aujourd’hui à l’abandon), et de là, nous marchons jusqu’à la limite des neiges. Nous pourrons ajouter à notre liste les sous-espèces caucasiennes de linotte à bec jaune et d’alouette haussecol.

Au-dessus de nous se dresse le majestueux sommet du Mont Aragat, qui s’élève à 4095 mètres ; c’est le plus haut point du petit Caucase.

Jour 14 : Mont Aragat – Yerevan

Nous prenons la journée pour redescendre lentement de cette montagne fantastique, puis prenons la direction de la capitale, où notre voyage de prospection prendra fin.

Sur le chemin, nous avons encore la chance d’observer quelques rapaces, dont les vautours fauve et moine, l’aigle pomarin, le circaète Jean-le-Blanc, la buse féroce, le gypaète barbu et l’aigle botté.

Nous garderons tous un souvenir grandiose de ce pays méconnu de beaucoup d’ornithologues. Tant la faune que la flore, les paysages et les gens sont exceptionnels à tous les niveaux ! C’est décidé, STARLING retournera en Arménie !